La part des anges, avez-vous déjà entendu cette expression si poétique ? C’est qu’elle nous vient d’un de ces pays de cocagne où le bon vivre et la gastronomie se marient allègrement au verbe haut et sans vergogne. L’ancien comté d’Armagnac, dont la carte forme une feuille de vigne, distille une eau-de-vie qui a su traverser les âges. Et c’est la production de ce spiritueux qui a donné naissance à cette expression si joliment tournée. C’est en effet la part de liquide s’évaporant lors de la distillation qui est nommée « part des anges », la part que le distillateur offre aux petits êtres ailés pour s’assurer leur soutien.
Une vieille histoire
Si le Gascon prie les saints d’avoir sa dose d’eau de vie d’Armagnac tous les jours, c’est que celle-ci est entrée pleinement dans la tradition du savoir-vivre local. Pensez donc, l’armagnac est aujourd’hui reconnu comme étant la plus vieille eau-de-vie française. Plus ancienne que les cognacs, calvados ou autres niôles et prunes. C’est qu’à l’époque on passait le vin à l’alambic afin d’en réduire le volume et d’en faciliter le transport sur mer. Et, également, de diminuer les inévitables taxes appliquées sur les ports de Bordeaux et Bayonne. Quelle drôle d’utilisation de cet alambic des Arabes dont ils se servaient avant tout dans une optique médicale et de pharmacopée.
Une feuille de vigne coupée en trois
La région productrice de cet élixir forme, sur une carte, comme une feuille de vigne. Étrange. Et elle se découpe en trois régions, essentiellement Gersoises. Le bas armagnac, au nord-ouest du département du Gers avec un peu des Landes. Longtemps le plus prisé, goûtez-moi donc cet armagnac de 1965 de la maison Laubade. La Ténarèze, elle, ne s’en laisse, en fait, pas compter et ravis les gourmets. Enfin le haut armagnac, lui, a aujourd’hui presque disparu de la production.